FRANCE 24

Posted on jeudi 11 février 2010
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Caroline Dumay - Le Cap 

11/02/2010 
Le Congrès national africain (ANC) fêtait jeudi l'anniversaire de la sortie de prison de son chef historique.
Le Congrès national africain (ANC) fêtait jeudi l'anniversaire de la sortie de prison de son chef historique. Crédits photo : AFP

Fête de la réconciliation, le 20e anniversaire de sa libération est assombri par des tensions à l'ANC.

La «nation arc-en-ciel» a célébré jeudi le 20e anniversaire de la libération de Nelson Mandela. Amis, avocats ou compagnons de cellule s'étaient mobilisés pour raconter ce moment qui a changé leur vie. «Le chef de la prison est venu et il nous a dit : “Je viens juste de recevoir un fax. Vous serez libérés demain.” Il s'attendait évidemment à une explosion de joie. Mais, à la place, on lui a répondu : “Un fax ? Qu'est-ce que c'est qu'un fax ?”» raconte aujourd'hui en souriant Ahmed Kathrada, l'ex-compagnon de cellule deNelson Mandela.
C'était le 11 février 1990. Après vingt-sept ans d'incarcération, Nelson Mandela passait les portes de la prison de Victor-Verster, à Paarl, près du Cap (Sud-Ouest). En quelques années, le changement politique a été radical au pays de l'apartheid. Les lois ségrégationnistes ont été démantelées, la démocratie installée, et le pays s'est doté d'une des Constitutions les plus libérales au monde. Nelson Mandela, architecte des négociations entamées en prison en 1982, est considéré comme le moteur principal de ce miracle. «C'est à lui que l'on doit tout. Il nous a guidés vers la liberté. On l'a aidé, bien sûr, mais c'est lui qui avait l'énergie de garder la lutte en vie. C'est lui qui a ouvert les négociations. Il avait toujours un pas d'avance dans la politique de ce pays», a déclaré son ancien conseiller, Cyril Ramaphosa, lors de l'ouverture d'une exposition commémorative au Cap.
La haute commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, Navi Pillay, elle-même sud-africaine, a salué «la voie du pardon et de la démocratie» choisie par Mandela. «Beaucoup de gens passés par où il est passé auraient cherché à se venger et (se seraient engagés) dans un racisme inversé», a-t-elle souligné.
Le Congrès national africain (ANC) a remporté chaque scrutin haut la main depuis 1994. Mais l'unité de jadis, construite autour du plus vieux prisonnier du monde, s'effrite au fil des ans. Depuis la mise à l'écart de Thabo Mbeki, l'ancien président répudié par la base, les tensions sont palpables. «Si nous voulons faire la différence, nous devons nous inspirer de l'état d'esprit de Nelson Mandela le jour de sa libération», a déclaré Mgr Desmond Tutu, appelant tous les Sud-Africains à célébrer la réconciliation.

Messages préenregistrés 


Mais les conseils de l'archevêque n'ont pas eu beaucoup d'effet sur le très controversé Julius Malema. Lors de la cérémonie qui s'est tenue jeudi devant la prison de Victor-Verster, le chef de la Ligue des jeunes de l'ANC n'a pas hésité à s'en prendre à Frederik De Klerk, traitant le Prix Nobel de la Paix de «raciste».
Sur les luttes intestines qui déchirent son parti, Nelson Mandela, 91 ans, reste silencieux. Depuis quelques années, il ne fait plus aucune déclaration spontanée. Ses messages préenregistrés, soigneusement filtrés par la Fondation Mandela, laissent planer de sérieux doutes sur son état de santé physique et mental. Sa présence, jeudi, au Parlement, a été sa seule apparition publique lors d'une journée qui lui était entièrement consacrée.
«La leçon de la lutte menée en Afrique du Sud est que le changement ne vient jamais sans combat. Mais, quand ils se battent, les progressistes peuvent changer l'histoire. C'est la leçon que no us devrions tirer quand nous nous attaquons aux grandes causes planétaires d'aujourd'hui, la pauvreté, le réchauffement climatique, le terrorisme», écrivait jeudi Gordon Brown, le premier ministre britannique, dans The Independent.