FRANCE 24
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, déclare avoir bon espoir qu'un accord soit trouvé à la conférence de Copenhague sur la lutte contre le réchauffement climatique, qui s'ouvre lundi et durera jusqu'au 18 décembre.
"Je suis très optimiste pour Copenhague", déclare-t-il dimanche dans une interview au journal danois Berlingske Tidende.
"Nous trouverons un accord - et, je crois, l'accord sera signé par tous les pays membres de l'Onu, ce qui sera historique", ajoute-t-il dans l'interview en relevant que "Tous les chefs d'Etat et de gouvernement ont le même objectif - empêcher le réchauffement climatique".
La manière d'atteindre cet objectif reste à déterminer, reconnaît-t-il cependant.
A ce jour, 105 chefs d'Etat et de gouvernement ont accepté l'invitation du Danemark à se rendre à la conférence de Copenhague, parmi lesquels le président Barack Obama, le Premier ministre chinois Wen Jiabao et le Premier ministre indien Manmohan Singh, à la tête de trois des quatre plus gros pays pollueurs de la planète.
"Le changement climatique est réel, et il se produit à un rythme plus rapide que ce que nous pensions il y a quelques années encore", déclare Ban Ki-moon. "La réunion de Copenhague correspond tout à fait au bon moment pour y faire face, à partir des connaissances dont nous disposons".
Malgré la venue annoncée d'autant de dirigeants de la planète, la conférence de Copenhague n'aura rien à voir avec un sommet international de pure forme, où tout est conclu avant même l'arrivée des participants.
Tant sur le plan des objectifs en matière de réduction des gaz à effet de serre (GES) que sur la question des aides financières à apporter aux pays émergents afin qu'ils puissent faire face au réchauffement climatique et adapter leurs économies, le fossé demeure profond entre les pays riches et le monde en développement.
L'enjeu est pourtant très grand et la présence de nombreux dirigeants ajoutera à la dramaturgie de la réunion. Cette conférence, censée être le couronnement de négociations entamées à Bali fin 2007, visera à s'entendre sur un nouveau traité fixant un plan de bataille contre le réchauffement climatique, qui succédera au protocole de Kyoto, lequel expire en 2012.
La pression sera d'autant plus grande sur les participants que la situation paraît plus dramatique encore qu'il y a douze ans à la conférence de Kyoto. Selon un rapport intitulé "Le diagnostic de Copenhague", 26 chercheurs ont conclu fin novembre que le réchauffement planétaire était plus rapide qu'on ne le pensait et que le niveau des mers pourrait, dans le pire des cas, s'élever de deux mètres avant la fin du siècle.
FRONT COMMUN DE 77 PAYS EN DÉVELOPPEMENT
De 2000 à 2008, le Groenland a perdu 1.500 milliards de tonnes de glace. Et le rythme de raréfaction de la glace s'est accéléré depuis 2006, selon une étude publiée à la mi-novembre par la prestigieuse revue Science. La calotte polaire arctique se rétrécit un peu plus à chaque été et certains prévoient la disparition de la banquise permanente au pôle Nord d'ici une vingtaine d'années, peut-être moins.
A l'autre bout du globe, la dislocation de plaques importantes de la banquise antarctique a été constatée ces dernières années. Et de l'Himalaya à l'Amérique du Sud, les glaciers fondent, menaçant de priver d'eau, à terme, les populations des plaines en aval.
Au-delà de quelques engagements pris récemment par certains Etats en termes de réduction des émissions de GES, le désaccord demeure entre pays riches et pays émergents, et la conférence de Copenhague risque de tourner la plupart du temps au dialogue de sourds entre ces deux blocs.
Le Premier ministre danois, Lars Lokke Rasmussen, hôte de la conférence, a dit voir dans la venue d'un grand nombre d'hommes d'Etat le signe que "nous sommes sur la bonne voie". Si Rasmussen affiche un certain optimisme, le projet que fait circuler le Danemark et qui pourrait être proposé comme fil rouge des négociations - réduire les émissions de GES de 50% d'ici 2050 par rapport au niveau de 1990 - a déjà suscité une levée de boucliers chez les grands pays émergents que sont la Chine, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud.
Selon ce projet, l'effort de réduction des émissions de GES incomberait à 80% aux pays riches mais ils n'auraient pas d'objectifs intermédiaires, ce sur quoi insistent les pays les plus pauvres, qui comptent parmi les plus menacés. Le projet préconise en outre un "pic" des rejets à l'échelle de la planète en 2020 et reprend à son compte l'objectif des climatologues de contenir sous 2° C l'élévation moyenne des températures.
L'Inde a rapidement fait connaître son opposition au projet du Danemark, parlant d'une "impasse". Chine, Brésil et Afrique du Sud lui ont emboité le pas, rejetant par exemple l'idée de fixer un pic d'émissions d'ici à 2020. Et jeudi, l'Inde a enfoncé le clou en assurant qu'elle ne signerait pas un accord contraignant sur des objectifs de réduction des émissions ou sur un pic d'émissions.
Les puissances émergentes et en voie de développement, coalisées au sein d'un groupe de 77 pays, ont constitué, au cours d'une discrète réunion à Pékin fin novembre, un front commun avec lequel devront compter les pays riches, et qui conduit à relativiser l'optimisme qu'affiche Ban Ki-moon.
John Acher, version française Eric Faye
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